Adaptation théâtrale d'Evelyne Levasseur d'après le roman de Raymond Queneau [© Gallimard]
Né en 1903, Raymond QUENEAU a participé à l'aventure surréaliste, mais son œuvre singulière ne se réclame d'aucune doctrine. Ses poèmes et ses romans sont marqués du même paradoxe: par la maîtrise technique qui s'y révèle et l'humour insolent qui ruine ses effets, ils sont à la fois l'exaltation et la négation de la littérature. QUENEÀU s'en prend au langage littéraire en opposant à ses conventions la liberté du langage parlé. Au nom de la vie, il désarticule une syntaxe figée par des règles désuètes, introduit dans son discours des termes populaires, argotiques, inventés au besoin, substitue à l'orthographe traditionnelle une graphie qui rend compte de la prononciation réelle. L'humour savamment mis en œuvre par l'accusation très concertée du langage est une réplique à l’angoisse qui mine la vie contemporaine : de l'insignifiance des destins humains, il tire une poésie neuve et émouvante.
II est connu du grand public par ses Exercices de style (1947) qui présentent quatre-vingt-dix-neuf versions différentes du même fait divers dérisoire, par son poème, mis en musique par Cosma Si tu t'imagines, fillette... que Juliette GRECO a fait connaitre dans le monde entier, mais aussi par son roman Zazie dans le métro, qu'il publiera après sept ans de gestation et pour lequel il reçut le prix de l'humour noir en 1960.